Mario Rega est le fondateur de l’entreprise Deaverde, qui propose une solution connectée nommée Notiphy visant a limiter l’exposition des humains aux pesticides. Deaverde a rejoint le réseau de startups d’AgrOnov en 2017 et a fait partie de la délégation de la mission d’affaires aux USA organisée en septembre 2017.
Racontez-nous l’histoire de Notiphy,le produit de Deaverde. Qu’est-ce que c’est et comment ce projet est-il né ?
Mario Rega : L’idée de créer une entreprise est née en 2014, avec l’envie d’aller vers une agriculture plus attentive et responsable, d’avoir un impact positif sur l’agriculture pour les agriculteurs. Ayant longtemps travaillé dans la recherche, à l’INRA comme à l’université, j’ai dû aller plusieurs fois sur des parcelles agricoles pour vérifier le bon fonctionnement des outils sur lesquels je travaillais. Malgré la norme française qui interdit l’entrée dans les parcelles traitées, aucun outil ne permettait de savoir depuis combien de temps celles-ci avaient fait l’objet d’un traitement. Par ma formation de biologiste, je sais que les produits phytosanitaires sont dangereux pour la santé humaine, même s’ils sont pour l’instant encore indispensables en agriculture. C’est avec la volonté de travailler dans des meilleures conditions de sécurité qu’est née Notiphy. Notiphy est un logiciel qui permet de notifier la présence de produits phytosanitaires dans les vignes. Il est accompagné de Notiphy Box, un système à fixer dans les parcelles pour avoir les informations liées à ces dernières. C’est la plus-value du projet. Notiphy c’est la solution logicielle qui apporte l’aspect prévention et permet aux agriculteurs de planifier leurs visites sur les parcelles.
Pour développer ces solutions, avez-vous eu recours à des personnes particulières ou aviez-vous les compétences en interne ?
MR : Mon ami avec lequel j’ai monté ce projet, Benjamin, est spécialisé en viticulture de précision. En ce qui me concerne, j’ai acquis beaucoup d’expérience avec les projets sur la viticulture et l’agriculture en général. Il nous manquait l’expertise électronique et en développement de software. Dans un premier temps nous avons demandé de l’aide à Rossano Zanardi, un Ingénieur en électronique avec beaucoup d’expérience. Il nous a permis de valider le concept et de développer un premier circuit électronique et une première maquette fonctionnelle. Et très vite, nous avons fait face au besoin de travailler avec des experts en Recherche et Développement. D’où la collaboration avec l’Institut Carnot, l’Université de Bourgogne et une société privée (spécialisée dans le développement software).
Benjamin et moi nous sommes beaucoup impliqués dans la réalisation du prototype, c’était important pour nous de voir le produit évoluer et de savoir comment il est constitué.
Avec l’accompagnement de l’AER, nous avons déposé un brevet sur le système en général, ce qui nous a permis de travailler de manière plus ouverte avec nos différents collaborateurs.
Actuellement votre solution est axée « viticulture », pensez-vous l’étendre aux autres cultures ?
MR : En juillet prochain je suis invité à La Morinière (Indre-et-Loire), une exploitation expérimentale en arboriculture dans le Val de Loire. L’occasion pour nous de présenter Notiphy et de sonder les arboriculteurs présents (entre 250 et 300 attendus) et de savoir ce qui devrait être modifié pour répondre aux besoins arboricoles.
Tous les types de cultures où intervient la manipulation de produits phytosanitaires sont intéressants pour nous en termes de développement de notre champ d’application. Nous nous demandons comment adapter notre système aux grandes cultures. Si l’agriculteur est exposé plus temporairement que les viticulteurs, le risque de contamination aux alentours n’est pas inexistant. Notiphy interviendrait peut-être dans l’aspect protection du voisinage.
C’est en parallèle de votre activité professionnelle que vous avez monté Deaverde. Avez-vous été accompagnés par une structure pour l’aspect création d’entreprise ?
MR : J’ai commencé à travailler au projet et à me former pour bien le mener en 2014 quand j’avais pas mal de disponibilité de temps et pas d’engagements. Je me suis rapproché de Premice au début du projet et j’ai suivi une formation pour le managing des produits innovants mais on n’a pas voulu intégrer la structure car nous étions dans une période de passage. J’ai également suivi des cours à la Chambre de Commerce et de l’Industrie et peu après à l’AFPA (Association pour la formation professionnelle des adultes) sur la création d’entreprise.
Le fait de travailler à côté apporte effectivement des difficultés à cause du manque de temps notamment. Pour pouvoir aller plus vite et être plus efficaces nous allons bientôt embaucher du personnel.
Vainqueur de la bourse FrenchTech 2017, peut-on considérer que Deaverde est dans son année charnière ?
MR : Fin 2016 déjà, nous avons eu la chance de participer au salon Vinitech-Sifel et nous avons été accueillis comme des superstars malgré notre petit stand. On a eu très peu de retours négatifs sur notre projet et au contraire l’occasion de confirmer que ce dernier répondait à un réel besoin des viticulteurs.
L’année 2017 a été utile pour le développement d’un produit plus stable au niveau du logiciel Notiphy, qui est toujours en bêta-testing. Notiphy box est en tests commerciaux : des partenaires ont acheté des produits-test et nous les accompagnons pour voir leur évolution.
La bourse FrenchTech de la BPI (Banque Publique d’Investissement) nous a apporté une réelle confiance dans notre projet que nous avons dû présenter aux financeurs, mais aussi des ressources pour continuer la recherche et le développement du produit.
En Septembre 2017 vous partiez aux États-Unis dans le cadre de la mission d’affaire d’AgrOnov, quelle est la valeur ajoutée de cette mission pour Deaverde ?
MR : Quelque chose qui est souvent négligé dans le monde de l’entreprise, c’est le relationnel et l’humain. Avec AgrOnov, on s’est retrouvé en phase. La mission d’affaires aux États-Unis a été une grande opportunité de développement pour l’entreprise. En termes de croissance, de visibilité et de rayon d’action de la société. Je pense que le marché américain peut être intéressant pour nous et nous pour eux. L’idée c’est d’apporter l’aspect de protection individuelle et préventif même pour ceux qui ne sont pas strictement concernés par l’agriculture (promeneurs, touristes, voisins).
Les États-Unis ont une grosse production de vin, ils voient dans la France un exemple pour le style et le type production, la technologie. C’est donc une plus-value d’être une entreprise française et dijonnaise.