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Sol et biosolutions : des outils indispensables pour la transition agricole ?

De nombreux acteurs de la région se sont réunis le 21 novembre dernier lors de la journée Sol & Biosolutions organisée par AgrOnov pour faire avancer cette thématique cruciale.

L’année 2024 a mis les exploitations agricoles à rude épreuve, notamment avec des conditions climatiques difficiles qui ont impacté la production, du semis à la récolte. Ces conditions humides ont favorisé le développement de maladies et perturbé l’état des sols. Ces derniers ont particulièrement souffert d’un excès d’eau, qui invite à repenser nos pratiques agricoles.

Le sol, un allié essentiel de l’agriculteur

Le sol offre de nombreux services écosystémiques essentiels pour l’agriculture. Trois catégories de services indissociables se distinguent :

  1. La fonction de support : le sol est le socle des cultures et de l’élevage. Pourtant, cette fonction est menacée par des processus naturels accentués par certaines pratiques agricoles. L’érosion et la compaction des sols sont deux problèmes majeurs exacerbés par les fortes pluies, comme celles observées en 2024. Les couverts végétaux constituent une solution efficace pour limiter ces effets en protégeant les sols et en améliorant leur structure grâce à leurs racines.
  2. La fonction de production : ce service est crucial pour l’agriculture puisqu’il régule le recyclage des nutriments et soutient l’activité biologique des sols. La matière organique (MO) joue un rôle central dans cette dynamique. Elle nourrit les organismes du sol, favorise la disponibilité des nutriments pour les plantes et contribue à la création d’humus, essentiel pour le stockage de l’eau. Toutefois, le ratio MO sortie/MO apportée reste souvent insuffisant, fragilisant ainsi le fonctionnement des sols.
  3. La fonction de régulation : cette fonction englobe des processus liés à l’eau, au carbone et à l’équilibre global du sol. L’agriculture modifie les interactions naturelles du sol, rendant cruciale l’adaptation des pratiques pour préserver ces services. La régulation est possible grâce aux deux services mentionnés précédemment.

Il est peu probable d’anéantir complément l’un de ces 3 services mais il est important à noter que cela prendra un temps extrêmement long afin de retrouver une qualité de service écosystémique convenable. Il est impératif de réfléchir ces services ensemble et non séparément car c’est l’intensité des interactions entre ces services qui va donner toute la valeur de son sol. Plus on travaille intensément son sol, plus les services et leurs interactions seront faibles. L’autorégulation sera alors affectée et les plantes seront ainsi plus fragiles.

Un besoin urgent d’expertise en sols
Un constat préoccupant émerge : le nombre de pédologues et d’experts en sols a fortement diminué. Ce manque de spécialistes est d’autant plus problématique qu’une connaissance approfondie des sols est cruciale pour le succès des pratiques agricoles durables. Les recruteurs peinent à trouver des candidats qualifiés, exacerbant ainsi la difficulté à faire face aux défis environnementaux actuels.

Biosolutions : quels obstacles à leur développement ?

Le marché des biostimulants et des biocontrôles est en pleine expansion, mais leur adoption reste encore limitée malgré une progression notable du nombre d’utilisateurs. Plusieurs freins ralentissent leur développement :

  1. Manque d’essais et de validations rigoureuses : C’est ce que soulignent les acteurs du secteur, qu’ils soient agriculteurs, chercheurs ou entreprises. Les biosolutions doivent prouver leur efficacité sur le terrain, en matière de rendement et de réduction des coûts, pour convaincre les agriculteurs. D’autant plus que les acteurs agricoles estiment que les biosolutions ne sont pas assez spécialisés à l’heure actuelle ce qui rend difficile la lisibilité, le choix et la confiance en ces produits.
  2. Besoin de formations sur l’utilisation de ces produits : Les biosolutions sont des produits « nouveaux » qui nécessitent des formations pour l’ensemble des acteurs. Ils sembleraient qu’actuellement les formations ne soient pas assez nombreuses. Il est important que l’ensemble de la chaine agricole se forme, y compris les élèves/étudiants et les acteurs déjà en poste. Sans formation à l’utilisation de ces solutions, leur développement stagnera.
  3. Manque de temps et d’espace pour réaliser des essais sur les biosolutions : En effet, les acteurs agricoles ont besoin de plusieurs années d’essais pour confirmer l’efficacité des produits et le nombre de produits ne cessent d’augmenter.
  1. Complexité de caractérisation des biosolutions : Les produits phytosanitaires sont bien connus désormais, ce qui n’est pas le cas des biosolutions. Le nombre de produits, de passage, leur composition… Nombreux sont les acteurs qui souhaiteraient avoir un référentiel ou un inventaire des biosolutions en mettant en avant différents critères : résultats d’essais, modes d’application, positionnement, dose, fonctionnement, composition mais aussi tout ce qui a attrait à la production, avec notamment l’investissement et la rentabilité des solutions. Les agriculteurs sont souvent réticents à adopter des produits qui pourraient entraîner une hausse des coûts, surtout si les bénéfices ne sont pas immédiats ou évidents. La clé réside dans une approche collaborative, où les acteurs publics et privés travaillent ensemble pour valider les produits et structurer un marché stable et transparent.
  2. Évolution des références : le changement climatique et les nouvelles réglementations nécessitent une mise à jour des outils d’aide à la décision pour intégrer ces changements.

Quelles perspectives pour les sols et les biosolutions ?

La troisième édition de la journée « Sol & Biosolutions » a permis de mettre en lumière des projets, services et outils prometteurs pour faire avancer la thématique :

Pour les biosolutions :

  • Le Grand Défi Biocontrôle et Biostimulation pour l’Agroécologie : qui vise à soutenir les réseaux de recherche et d’innovation pour un large déploiement des biosolutions.
  • Le nouveau service proposé par la SATT Sayens et AgrOnov : qui offrira une capacité de tester les biostimulants en conditions contrôlées avant de réaliser les tests en plein champs.
  • Le projet AgroTech innoV : porté par la Chambre d’Agriculture de Côte-d’Or et qui permettra de tester des biosolutions et agroéquipements afin de diminuer l’utilisation de produits phytosanitaires.
  • Le déploiement d’OAD : avec notamment Limacapt et MovidaGrape Vision qui visent à positionner idéalement les produits de biosolutions en fonction des risques, ou encore SynApps qui offre la possibilité d’orienter les utilisateurs vers les produits en adéquation avec vos enjeux (cahier des charges, culture…).

Pour les sols :

  • Le projet GPS (Gestion et Protection des Sols) qui est une spécialisation proposée par l’Institut Agro (Dijon-Rennes-Angers) de niveau Ingénieurs – Master 2.
  • Le projet MOCCA (Matière Organique Changement Climatique & Atténuation) est un projet pour atténuer le changement climatique en stockant de la matière organique dans les sols viticoles de Bourgogne.
  • Un projet autour des prairies du Doubs en système agroforestier : porté par la Chambre d’Agriculture du Doubs avec le laboratoire SPIRAL.

Ces différentes initiatives permettent aux différents acteurs de travailler ensemble, de confronter leurs réalités et leurs besoins afin de faire avancer la recherche de résultats et de solutions alternatives durables pour l’agriculture.

Conclusion

Le sol est une ressource précieuse, au cœur des préoccupations environnementales et agricoles actuelles. Les biosolutions offrent des perspectives pour améliorer la santé des sols et des plantes, mais leur adoption nécessite des efforts soutenus en recherche, en validation et en formation. Les actions à mener pour un avenir durable passent par une collaboration étroite entre les différents acteurs du secteur.

AgrOnov poursuivra son engagement en 2025 avec des webinaires et une 4e édition de la journée « Sol & Biosolutions : au service de la transition agricole ».

Article rédigé par Alexis BRUHAT, Responsable « Sol et Biosolutions » – AgrOnov : alexis.bruhat@agronov.com

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