Actuellement, le marché de la protection des plantes représente 5% du marché global. Il doit vite s’accroitre pour représenter 15% du marché en 2025 compte tenu des enjeux actuels. Ce matin-là, à Paris, une quarantaine d’entreprises du secteur du biocontrôle et plusieurs centaines de participants se sont rassemblés au colloque IBMA. Avec pour objectif de rassembler la profession dans sa globalité afin de démontrer que le Biocontrôle est une réalité et que des produits efficaces existent.
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Les enjeux du biocontrôle :
- Co-construire ensemble l’agro-écologie pour gagner ensemble
- Combiner le biocontrôle avec d’autres pratiques pour plus d’efficacité
- Accélérer la recherche et l’innovation, notamment dans le secteur privé et avec le crédit impôt recherche
- Booster le déploiement des solutions actuelles
Les agriculteurs et le biocontrôle
L’IBMA en partenariat avec AgroParis Tech a réalisé une enquête nationale auprès de 542 agriculteurs en France pour connaitre et identifier leur lien avec les produits et pratiques de biocontrôle. Une enquête très riche qui soulève des questionnements intéressants.
LES POINTS CLÉS DE CETTE ÉTUDE :
- 23% des agriculteurs interroges n’ont jamais entendus parler du biocontrôle
- parmi ceux qui connaissent le biocontrôle, 41% sont en conventionnel, contre 50% en agriculture biologique
- les utilisateurs des solutions de biocontrôle sont principalement dans les filières spécialisées : dans l’ordre décroissant, on retrouve la viticulture, l’arboriculture et le maraichage.
- l’image du biocontrôle est représentée par des mots-clés positifs : « naturel » « efficace » « respectueux » « écologique » mais teinte de doute « aléatoire » « complexe » et de freins « cher » « difficile »
- les agriculteurs interrogés ont une grande confiance en leur conseiller technique, mais celui-ci ne leur présente pas forcement les solutions existantes en biocontrôle
- parmi les 56% d’agriculteurs qui n’utilisent pas de solutions de biocontrôle, ils sont 93% à répondre « pourquoi pas » ou « oui très probablement » à la question « utiliserez-vous du biocontrôle dans le futur ? »
Des données intéressantes qui ont servi de socle pour lancer les débats lors des tables rondes. Celles-çi se sont articulées autour de trois témoignages d’utilisateurs de solutions de biocontrôle, et surtout la autour de la présence d’acteurs clés pour débattre des enjeux majeurs.
Pour les agriculteurs et producteurs convaincus, le biocontrôle c’est avant tout un retour à l’agronomie. Parce que c’est bien de cela dont il s’agit : la connaissance de son environnement pour prendre la décision adéquate et appliquer le bon traitement naturel, en lien avec d’autres méthodes agroécologiques. Le biocontrôle et les molécules qui permettent de protéger les plantes sont des solutions au service de l’agro-écologie. La santé des plantes est une discipline qui implique de nombreuses connaissances, de nombreux acteurs, de nombreux éléments de contexte.
Un travail colossal et empirique, qui demande attention et précision à l’agriculteur qui tente l’aventure. Tout cela pour produire des aliments de qualités et respectueux de l’environnement. Mais ces pratiques en expansion nécessitent une communication accrue auprès des professionnels, et du grand public. Car des nouveaux modes de productions induisent d’éduquer le consommateur : mieux comprendre pour mieux consommer !
Le biocontrôle, du marketing pour le consommateur ?
L’éducation du consommateur, c’est le cheval de bataille de la « Filière Qualité Carrefour », représentée ce jour par Bertrand SWIDERSKI (Directeur RSE du Groupe Carrefour). Les questions sont multiples : Est-ce uniquement de la communication ? Est-ce que les agriculteurs sont payés davantage pour la qualité des produits qu’ils fournissent ? Est-ce que cela suffit pour attirer les agriculteurs à vouloir vendre leurs produits à cette enseigne ? Est-ce que les consommateurs sont prêts à payer plus cher pour ces produits ? Comment éduquer le consommateur à accepter les produits frais « un peu trop moches » (mais pas si moches que ça !) ? Des questions bien vastes qui se recentrent autour d’une seule : quel est le juste milieu entre la communication qui trompe le consommateur avec un affichage « zéro pesticide » et la communication utile et nécessaire pour éduquer le consommateur et le pousser rendre militant leur acte d’achat. Comment les amener à se tourner vers les produits plus chers, mais respectueux de l’environnement et de nos agriculteurs ?
C’est la notion d’homologation qui s’en retrouve au centre des préoccupations. Les adeptes du biocontrôle doivent trouver un langage commun dans la profession, mais aussi vers la société et les consommateurs plus particulièrement. Les méthodes d’homologation des produits de biocontrôle, les délais, sont au cœur du débat avec l’ANSES et les producteurs. Si l’impatience du marché est légitime, il y a des délais qu’on ne pourra pas raccourcir.
Comment accompagner au biocontrôle ?
Hubert, vigneron en Côte du Rhône, est partisan du biocontrôle et croit profondément en son potentiel. Avec l’appui de sa coopérative et de la communauté de commune, il a réuni un ensemble de 13ha de parcelles sur lesquelles tester des solutions de biocontrôle. Mais comment accompagner l’agriculteur, et le reste de la filière, au biocontrôle ?
Le débat est très riche,et animé par Antoine Meyer, Président d’IBMA France. On trouve à Hubert de nombreux moyens de s’entourer pour se lancer dans la démarche, avec un critère n°1 pour se lancer : être motivé ! Conseillers, formations, groupes d’échanges …
Il faut construire un ensemble cohérent mobilisant et rassemblant tous types d’acteurs : recherche, enseignement, agriculteur, consommateur, entreprises privées, publiques. Les preuves d’efficacité sont essentielles pour promouvoir les solutions de biocontrôle et elles doivent donner du sens au métier d’agriculteur. Avancer ensemble c’est impliquer l’ensemble de la filière agricole : machinisme, producteur, produits, distributeurs et pas uniquement sur les filières spécialisées mais aussi dans les grandes cultures.
Le biocontrôle et les molécules qui permettent de protéger nos plantes sont des solutions au service de l’agro-écologie. Mais comme toute chose en agriculture, c’est une aventure collective au service du bien commun.