
La deuxième édition de l’évènement phare du Pôle d’Innovation en Agroécologie AgrOnov, La Croisée des champs, se tenait le 15 mai dernier à Bretenière. Un temps de grande ampleur réunissant plus de 200 participants et faisant la part belle à l’innovation eu sein des filières agricoles.
Cette seconde édition se concentrait sur l’intégration de l’intelligence artificielle dans l’agriculture, et s’illustrait avec des conférences, des ateliers dynamiques et des démonstrations. Des intervenants experts et d’autres institutions sont venus partager leurs connaissances sur l’impact de l’IA sur le secteur agricole. L’objectif est d’inspirer et d’informer les participants sur les innovations et les opportunités offertes par l’IA pour améliorer la productivité et la durabilité en agriculture.
Un Village Innovation accueillait 16 exposants présentant les innovations qui transforment l’agriculture et participent à la révolution agricole en cours :
📌 Sencrop
📌 L’Institut Agro Dijon
📌 Université Bourgogne Europe
📌 Institut de l’Elevage (idele)
📌 ALLIANCE BFC
📌 RobAgri : L’association de robotique agricole
📌 SMAG
📌 BRAINYTECH | Solutions numériques écoconçues et responsables | Conseil en numérique responsable
📌 yieldsApp
📌OCI Informatique & Digital
📌 Precisio
📌 ARDPI
📌 Orange
📌 DEDICATTED
📌 Le Village by CA Champagne Bourgogne
📌 CONNEXSCIENCES
DÉCOUVRIR L’ÉVÈNEMENT !
CONFÉRENCE THÉMATIQUE
Frédérik Migette,
directeur des services applicatifs d’OCI Informatique & Digital
L’IA transforme la chaîne agroalimentaire, devenant un allié stratégique pour une agriculture compétitive et respectueuse de l’environnement. Des innovations, comme la taille de vigne assistée par IA, ou les chiens robots pour éleveurs de poulets, illustrent cette transition, permettant de gagner du temps et d’automatiser des tâches. Tastewise, par exemple, aide à analyser les tendances alimentaires et à guider l’innovation des marques. Cependant, le secteur agricole fait face à des défis tels que la surcharge administrative et une manière de travailler morcelée, pour lesquels l’open data pourrait être une solution. La souveraineté alimentaire est liée à la souveraineté numérique, nécessitant la construction d’un commun numérique. L’IA change la nature des compétences, passant de savoir-faire à savoir le faire, comme le montre le Chatbot PAC d’Hectar. Malgré ses avantages, l’IA présente des risques, tels que les deepfakes. En réponse, la BPI soutient l’initiative IA Booster France 2030 pour encourager l’innovation.
ON RETIENT : l’usage de l’IA pour les formalités administratives et libérer du temps sur le terrain. Rappelons qu’actuellement, 30% du temps de l’agriculteur.trice est consacré aux tâches administratives.
Recentrons le métier sur sa vocation !
La restitution de la conférence sera présentée aux membres adhérents du réseau AgrOnov en septembre, dans sa prochaine lettre thématique consacrée à l’IA.

TABLE RONDE
L’IA et ses outils dédiés au monde de l’agriculture
Une table ronde animée par Liselore Martin, directrice d’AgrOnov.
>> Ana ROXIN, maître de conférences en informatique, Université Bourgogne Europe
>> Thibaut BOULANGER, directeur commercial, SMAG
>> Jeanne BADUEL, ingénieure groupe Make It Agri, Reprogenet
>> Olivier BELTRAMO-MARTIN, ingénieur IA, ATOL CD
>> Severin YVOZ, data analyste au sein du service R&D, Alliance BFC
>> Zoé GUY, ingénieure en élevage de précision, Institut élevage IDELE
Depuis plusieurs mois, l’intelligence artificielle est au cœur des discussions, notamment avec des événements comme le Sommet de l’IA, IA ACT, et son intégration dans la robotique industrielle. Cependant, le secteur agricole semble être à la traîne dans cette adoption. Il est crucial de se pencher sur les cas d’usage actuels et les avancées réalisées dans ce domaine. De plus, il est important de savoir si les acteurs du secteur agricole sont suffisamment formés et informés pour intégrer l’IA dans leurs pratiques. Il est également essentiel de comprendre les prérequis et les précautions nécessaires pour utiliser l’IA efficacement. Ces questions sont abordées par six experts.
Exemples de cas d’usage.
Jeanne Baduel, étudiante-entrepreneure lauréate du concours Make It Agri, présente le projet REPROGENET, une future application mobile utilisant l’intelligence artificielle pour aider les éleveurs de bovins laitiers à améliorer la génétique de leur troupeau en analysant les caractéristiques des vaches à partir de photographies. Zoé Guy, de l’institut de l’élevage IDELE, voit un potentiel dans ce projet et mentionne d’autres usages de l’IA, comme le comptage de bétail par imagerie drone et le suivi comportemental en bâtiment. Thibaut Boulanger de SMAG évoque l’utilisation de l’IA pour optimiser les tâches agricoles répétitives et la prévision d’interventions. Olivier Beltramo-Martin d’ATOL CD insiste sur l’intérêt de l’IA pour l’administratif, tandis que Severin Yvoz de l’Alliance Bourgogne-Franche-Comté illustre un projet de modélisation du changement climatique sur l’agriculture, en partenariat avec l’Institut Agro Dijon et l’Université Bourgogne Europe. Ce projet utilise la modélisation du système Climat-Sol-Plante pour évaluer l’impact du stress hydrique sur les cultures, avec des données historiques et des projections climatiques. Bien que cela ne soit pas de l’IA au sens traditionnel, l’intégration future de l’IA pourrait améliorer ces modèles. Enfin, Thibaut souligne que l’IA ne peut pas prédire l’avenir, notamment en matière de prévisions météorologiques.
Construire l’IA.
Liselore Martin interroge Olivier Beltramo-Martin sur les raisons pour lesquelles Atol CD a intégré un expert en IA et la manière dont l’IA est construite. Olivier explique que, bien que l’historique de 20 ans de données de « Mes Parcelles » semble prometteur pour développer un modèle IA, ce n’est pas suffisant, notamment dans un contexte de transition et il faut une expertise pour les valoriser grâce à l’IA. Séverin Yvoz souligne que l’IA peut valoriser les données, mais leur incomplétude ou erreurs peuvent fausser les résultats, d’où l’importance de fiabiliser les données d’entrée. L’Alliance BFC travaille sur des protocoles de saisie et validation pour garantir des données de qualité, facilitant ainsi l’intégration de l’IA dans leurs outils. Jeanne Baduel explique l’importance d’un cahier des charges précis pour le développement d’applications IA, soulignant le besoin de communication claire entre développeurs et utilisateurs finaux. Elle mentionne également l’usage du machine learning pour améliorer la fiabilité de l’application grâce à des données collectées sur le terrain. Ana Roxin, chercheuse en IA Symbolique, discute de la modélisation des connaissances et de l’importance d’un échange avec des experts pour adapter l’IA à différents contextes agricoles. Elle explique que l’IA symbolique permet de garder le contrôle humain sur les modèles, car ils sont compréhensibles et transparents.
Intégrer l’IA dans les solutions.
L’intégration de l’IA dans les solutions agricoles se fait en mettant en avant la valeur ajoutée, notamment en termes de gain de temps et de centralisation des données pour une meilleure exploitation. L’IA n’est pas omniprésente, mais elle est utilisée pour des cas spécifiques, comme la prédiction du rendement du blé en cours de campagne. Pour cela, une grande quantité de données historiques fiables est nécessaire. L’usage de l’IA permet d’améliorer l’intelligence collective et la sécurité alimentaire en augmentant la quantité et la fiabilité des données collectées. Des outils de saisie vocale sont en cours de test pour faciliter l’acquisition de données. Les agriculteurs, souvent plus connectés qu’on ne le pense, sont prêts à utiliser l’IA, bien que l’accessibilité financière et en termes de compétences reste un enjeu. Les dispositifs comme Agrifoodtech et Digiferme d’IDELE jouent un rôle de support pour la mise en place de l’IA, en s’assurant du consentement sur l’utilisation des données, tout en soulignant leur vraie valeur. Les agriculteurs restent maîtres de leurs décisions.
Utilisation et précautions.
Ana Roxin intervient en mentionnant son implication dans un groupe de travail sur l’éthique de l’IA avec l’AFNOR. Liselore Martin interroge l’intégration des notions d’IA dans les formations en parcours ingénieur agro. Jeanne précise qu’un socle est apporté sur les données, mais pas sur l’IA de manière approfondie. Ana Roxin mentionne ensuite que l’UBe propose des formations dédiées, notamment un Master en Bases de Données et Intelligence Artificielle (BDIA) pour les niveaux bac+4/5 et une Licence Professionnelle Métiers de l’Informatique (LPMI) pour le niveau bac+3, toutes deux ouvertes à l’alternance.
Et demain ?
Liselore Martininvite à conclure sur l’avenir de l’IA et son potentiel au-delà des modes actuelles. Thibaut Boulanger souligne que l’IA ne doit pas être utilisée pour elle-même en raison de son coût et de la complexité des données nécessaires, notant que le bon sens humain reste irremplaçable. Ana Roxin voit l’IA comme un accélérateur pour la recherche, notamment dans les biosolutions, tout en insistant sur le rôle décisionnaire de l’humain. Olivier Beltramo-Martin met l’accent sur la frugalité et la transparence des modèles d’IA, questionnant leur nécessité réelle. Jeanne Baduel et Zoé Guy insistent sur le fait que l’IA doit être un outil au service des besoins concrets, particulièrement dans le monde agricole. Severin Yvoz décrit le plan IAct de la coopérative Alliance BFC, qui vise à intégrer l’IA en améliorant la saisie et la qualité des données, et en formant les équipes. Ce plan identifie et priorise les tâches répétitives pour libérer du temps aux collaborateurs, avec un plan d’action sur trois ans pour résoudre ces « irritants » par des développements ciblés.
