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Fermoscopie de CER France : retour sur les chiffres

Si les chiffres ont été mis à l’honneur comme dans les précédentes éditions, cette année, le Cerfrance a insisté sur les leviers et les pistes d’amélioration dans les différentes situations.

Le contexte économique et le contexte agricole étant fortement changeants et même définis comme « chaotiques », l’exercice de projection est difficile. Les nombreuses incertitudes compliquent les estimations. Néanmoins, pendant ces 2h30 de conférences, nous avons retenu l’essentiel des messages.

La loi Egalim tend à utiliser le coût de production pour fixer les prix de ventes et contractualiser avec les acheteurs, ainsi c’est une donnée qu’il est important de connaitre et de maitriser en tant qu’exploitant agricole. Pourtant cette information n’est pas toujours facile à calculer et valoriser. 

Le coût de revient quant à lui, correspond au coût de production auquel on soustrait les aides et autres revenus supplémentaires.  

Autre point de comparaison pour les projections données : celui de la stratégie adoptée par les agriculteurs.

Elle peut être soit « de compétitivité » avec des économies d’échelles, soit « de découché ». Dans cette stratégie, on ne gagne pas forcément plus quand on produit plus, de par les contraintes des cahiers des charges en AOP par exemple. 

Quelle que soit la stratégie, plus on travaille sur son prix de revient, plus on améliore son résultat courant .

Quels résultats 2022 dans les 3 grandes filières de la Région Bourgogne Franche-Comté ? 

L’estimation des résultats 2022 par rapport aux coûts de revient et prix de vente est plutôt bonne dans toutes les filières. 

Les coûts de revient sont (légèrement) inférieurs aux prix de vente en bovin viande et bovin lait de plaine, et grâce au contexte, ils sont supérieurs en grandes cultures et lait AOP. Les exploitations en Région Bourgogne-Franche-Comté sont donc dans une très belle année en 2022. 

En bovin viande, la décapitalisation des bovins rend la situation inédite et les cours qui sont largement au-dessus des chiffres observés ces 20 dernières années. Les stocks de fourrage de l’année 2021 (année plutôt pluvieuse) ont permis de couvrir les besoins de 2022 (année sèche).  

En bovin lait, les hausses des prix de vente permettent aussi de couvrir quasiment toutes les charges et la vente de la viande apporte du revenu supplémentaire qui permet de diminuer le coût de revient aux 1000L de lait.  

En système AOP, l’écart entre coût de revient et prix de vente se dégrade par rapport à 2021 mais reste positif .

Enfin, en grandes cultures, le cours des céréales permet de couvrir la hausse importante des charges et les ventes ont été très bonnes. Les agriculteurs ont réussi à anticiper l’achat des engrais, ce qui permet de ne pas diminuer en masse les résultats.  

Mais justement…ces charges qui augmentent vont certainement continuer d’augmenter en 2023 et les anticipations qui ont pu être réalisées pour 2022 ne seront plus forcément possibles.

Comment bien préparer 2023 ? 

C’est la question centrale de la Fermoscopie 2022 : comment bien préparer 2023 et anticiper les changements ? 

Pour répondre à la question, l’équipe du Cerfrance, pilotée par Mathilde Schryve, responsable d’études économiques, a modélisé pour chaque filière et chaque système une projection en faisant varier plusieurs critères.  

D’une part, la hausse des charges principales de la filière concernée (alimentation et carburant pour les filières animales, engrais et carburants pour les grandes cultures) de 20 à 80% (l’échelle variant encore une fois en fonction du contexte de la filière) est le 1er axe.  

D’autre part, la variation de production est évaluée de +10 à -40%, selon le contexte climatique de l’année (une année sèche risque de faire diminuer la production par manque de fourrage) et le rendement de manière générale.

Ces simulations témoignent des difficultés qui pourraient apparaitre dès 2023 dans les exploitations. Si les prix de vente ne couvrent pas les augmentations de charges, et que les rendement ne sont pas au rendez-vous, les résultats seront fortement impactés.  

Ainsi, selon les systèmes, les conseils sont nombreux :

  • bien connaitre son produit (une bascule dans toutes les exploitations !)
  • bien connaitre son marché et ses acheteurs dans les filières de qualité
  • identifier de nouveaux débouchés et allonger les rotations
  • favoriser des économies d’échelles pour mieux valoriser les rations
  • valoriser les effluents
  • investir pour limiter la fatigue
  • diversifier les ressources de litières, etc.

Les agriculteurs donnent eux aussi des conseils ! 

Trois témoignages d’agriculteurs apportent aussi quelques pistes d’amélioration, en voici les grands messages :  

  • Développer son autonomie protéique et avoir une stratégie en cohérence avec les décisions.  
  • Augmenter les capacités de stockage pour anticiper les moins bonnes années 
  • Travailler collectivement pour trouver des solutions et les mettre en œuvre 
  • Tester des choses et les mettre en œuvre, observer les autres agriculteurs et adapter les idées à la situation de l’exploitation.  
  • Pouvoir anticiper en prenant des décisions et en « passant aussi du temps au bureau » pour comprendre, analyser la situation.

Pour conclure… S’adapter aux changements et s’assurer ! 

Les équipes de Cerfrance concluent sur l’importance d’utiliser des données actuelles pour décider et de se nourrir des idées des autres. Le contexte est chaotique et changeant. L’épargne reste importante pour prévenir et être capable de mobiliser de la trésorerie.  

L’assurance comme amortisseur sera la dernière ouverte faite pendant cette intervention. Pour en savoir plus sur les changements de l’assurance, valable en grandes cultures et sur les prairies également, retrouvez des informations sur les liens suivants : 

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