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Pas de transition agricole sans financement des filières, que retenir de l’Ag’Meet-Up d’AgrOnov  ? 

50 participants se sont rassemblés le 17/10/2024 à Bretenière pour assister à la table ronde sur le financement des transitions agricoles. Le panel invité a pu expliquer ses modes d’action, donner son avis et inspirer les visiteurs sur des nouveaux schémas à mettre en place. Une table ronde faisant intervenir Delphine De Fornel, Vice-Présidente d’AgrOnov et Responsable Zone Nord-Est – Terres Inovia, Christophe FOUILLAND, Responsable des équipes techniques et des approvisionnements – Coopérative FEDER, Clément GRACYK, Responsable Développement Immobilier secteur Bourgogne – LIDL, Martin BLOCH, Chef de service Economie des Entreprises Chambre d’Agriculture de la Nievre
Philippe DELIN
, Directeur Fromagerie Delin, Frédéric LAMARCHE, Fondateur Agcoopilot et animée par Liselore MARTIN.

Les filières agricoles doivent répondre à de nombreux enjeux de « transitions ». Nous parlons systématiquement de transitions au pluriel car elles sont plurielles : agroécologique, numérique, climatique, etc. Les agriculteurs sont les premiers à subir les coûts de ces transitions avec des agrofournitures plus chères, des équipements d’agriculture de précision. Or, il existe d’autres moyens et d’autres acteurs qui peuvent s’impliquer pour répartir le coût de la transition sur l’ensemble de la filière, et même jusqu’au consommateur.

Le client paie

C’est la solution la plus évidente dans l’esprit de tous : c’est au client de payer pour la valeur supplémentaire du produit. Il a été souligné l’écart entre la volonté d’achat du citoyen et le consommateur qui sort du supermarché. La loi Egalim vise aussi à rémunérer les produits en fonction de leur coût de production. Ce n’est pas forcément le système le plus direct pour les agriculteurs, puisque les intermédiaires sont nombreux.  

La Chambre d’Agriculture de la Nièvre a justement donné l’exemple de son accompagnement des producteurs maraichers à la vente directe et à la réponse aux appels d’offres de la restauration collective. En mutualisant des outils pour la logistique, et en créant des réponses groupées, on répond à la demande ; et les circuits courts permettent aussi d’augmenter la valeur perçue par l’agriculteur. Le prix d’achat reste la problématique majeure.

Interviennent d’ailleurs les collectivités : Dijon Métropole présente ProDij et la légumerie, approvisionnée par les producteurs locaux. Les légumineuses viennent aussi remplacer certaines protéines animales, ce qui permet de créer des débouchés pour ces productions, vertueuses pour les sols et les pratiques agricoles.   

La Socofruits Bourgogne nous a partagé son retour d’expérience et le fonctionnement avec ses clients, acheteurs de cassis (bourgeons, ou feuille). Ces derniers ont financé des ruches pour l’accueil d’abeilles. Après une étude spécifique sur les pollinisateurs dans la filière cassis, une espère d’abeille a été identifiée comme très efficace pour la pollinisation de cette culture, et les résultats ont permis de convaincre les clients de soutenir l’investissements de matériel directement chez les producteurs.

    Le financement par un cahier des charges

    Bien que peu abordée pendant cette table ronde, le financement par les crédits carbone est aussi une solution ; soit par le label bas carbone, soit par des mécanismes de primes filières. Feder Elevage souligne que quelques-uns de ses adhérents ont fait un audit bas carbone et se sont engagés dans un projet Label Bas Carbone ensuite, cela reste marginal.

    En revanche, les cahiers des charges se multiplient et LIDL travaille par exemple sur un soja zéro déforestation ni conversion. Le groupe de distribution a aussi travaillé avec Terres Inovia pour nourrir les bovins allaitant avec du soja français. Leur approvisionnement en fruits et légumes provient à 73% des filières françaises. Le volume d’achat étant une source de rémunération pour les producteurs. Retrouvez également un témoignage de Grafite, qui travaille sur la valorisation des matières premières agricoles.   

    La fromagerie DELIN a parfaitement expliqué le schéma que l’entreprise a mis en place pour trouver un équilibre entre matière grasse, lait et crème. Elle récupère une partie de la matière grasse du lait pour sa principale activité dans la fabrication de ses fromages crémeux, pour faire face au marché fluctuant des matières grasses laitières. Ainsi, il est possible de répondre au marché, en limitant sa dépendance à la matière grasse et en garantissant un revenu aux producteurs. Ces derniers sont pu investir dans des robots de traite par exemple.

    Le financement de la transition par des mécanismes extérieurs

    Les appels à projet et financement de l’innovation sont une source de financement intéressante auxquels s’adressent les instituts techniques, les coopératives, les chambres d’agriculture. Ils font la part belle aux enjeux de transition et aux transferts de solution sur le terrain, aux partages de bonnes pratiques (PARSADA par exemple). FranceAgriMer prévoit aussi des aides spécifiques pour l’acquisition de matériel innovant (le robot Bakus par exemple).  

    La valorisation par la communication et la marque. Si les choix du consommateur ne sont pas toujours alignés avec ceux du citoyen, on peut souligner le succès du Lait 100% Côte d’Or, véritable critère d’achat pour les habitants du Département. La Fromagerie DELIN a par ailleurs départementalisé ses briques de lait pour faire appel à cette sensibilité du consommateur et cela permet de rémunérer le producteur de quelques centimes de plus au litre de lait. 

    Les financements inter filières sont aussi abordés par nos intervenants. L’exemple de la nutrition animale et du travail sur les légumineuses montrent que les projets peuvent avoir des retombées sur les autres filières.  

    Enfin, la Chambre d’Agriculture de la Nièvre a présenté le schéma de GUFA, Groupement d’Utilisation des Financements Agricoles. L’objectif ? « Initier, concevoir, participer et réaliser toutes opérations destinées à contribuer à l’amélioration de la performance économique, sociale et environnementale des exploitations agricoles et de leurs filières, d’accompagner la démarche entrepreneuriale et responsable des agriculteurs et des acteurs des filières agricoles. Le GUFA est un fonds départemental permettant de capter des financements et de les redistribuer pour financer une partie de vos projets lorsqu’ils sont collectifs, innovants et agricoles ». Les chiffres sont impressionnants : sur la base de 1500€/MW produit, avec un objectif de 2000MW de production d’électricité par les agriculteurs, le schéma permettrait de collecter 3 000 000€. Dans la salle, certains acteurs réagissent car dans ce schéma, le financement revient à 100% sur des entreprises hors filière, ce qui n’est pas souhaitable dans un modèle équilibré.

    Conclusion : Le rôle de chacun

    Si l’on reprend le panel intervenant sur ce sujet, voici ce qu’il faut retenir :  

    • Il est important d’accélérer l’utilisation des solutions et technologies qui permettent de répondre aux enjeux de la transition. C’est la mission que s’est donnée AgCoopilot.  
    • Les instituts techniques jouent un rôle primordial pour apporter des références, accompagner les acteurs des chaines de valeurs sur l’élaboration de cahier des charges, et convaincre les acheteurs finaux. 
    • Les chambres d’agriculteurs accompagnent et structurent les moyens à disposition des producteurs. 
    • Les coopératives mutualisent et valorisent collectivement les productions, elles travaillent beaucoup sur des cahiers des charges filières.  
    • Les transformateurs ont le pouvoir d’innover et de répondre à la demande avale, et ainsi de mieux valoriser les producteurs. 
    • La distribution valorise les produits sous signe de qualité, produits en France et travaille sur des feuilles de route qui comprennent les enjeux de la transition.  
    • Les collectivités, qui achètent énormément pour approvisionner la restauration collective, doit aussi intervenir dans le financement, en tant que client.

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