Les acteurs incontournables de l’amont à l’aval de la filière française des oléo-protéagineux étaient présents pour participer à ces rencontres. Au programme, des témoignages, des échanges, des débats… autour d’un thème réunissant tous les acteurs : faire face aux enjeux climatiques et de souveraineté. La journée s’est terminée par une intervention de Marc Fesneau, Ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.
Arnaud Rousseau, Président de la FOP et d’Avril Gestion, a introduit la journée en rappelant l’importance de toute la filière : du producteur à l’industriel. Plusieurs vidéos ont été diffusées pour rappeler le panel des enjeux actuels et la diversité des métiers de l’oléopro. L’important étant d’agir ensemble dans une filière organisée, à l’écoute de tous les acteurs pour établir une stratégie commune. Marie Saglio, Directrice générale de Lesieur, a précisé que l’initiative d’aller rencontrer la grande distribution en amont des négociations commerciales avec les administrateurs de la FOP, en expliquant le fonctionnement de la filière, avait permis de crédibiliser le discours et ainsi peser sur les échanges.
Les enjeux de la souveraineté alimentaire en France
L’épidémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine ont mis en lumière notre souveraineté alimentaire. La production d’engrais étant au centre de ces enjeux, les rôles de la Russie et de l’Ukraine dans l’agriculture ont été rappelés aux yeux de tous. Comme énoncé par Arnaud Rousseau, « celui qui a perdu la maitrise de son agriculture est à la merci du chantage ». Xavier Dorchies, Directeur général délégué de Sofiprotéol, explique que pour accompagner les filières et les producteurs dans la transition agroécologique, des investissements de l’amont à l’aval sont nécessaires pour soutenir la compétitivité et la performance de l’agriculture française. Néanmoins il faut veiller au bon équilibre entre l’amont et les acteurs de la distribution. Des messages forts sont partagés sur une perte de vitesse des industries françaises ainsi que sur la compétitivité des productions de l’hexagone. Un rappel de l’importance du regroupement des acteurs de la production pour faire face au regroupement de la distribution est également souligné.
La souveraineté protéique
La durabilité et l’accessibilité des protéines est également un sujet central autour de la souveraineté alimentaire. Un mécanisme de contractualisation pour désensibiliser les élevages aux marchés fluctuants est souhaité. Un programme et un plan de relance de la production de protéines végétales permettraient de soutenir la souveraineté alimentaire en limitant le recours aux imports. Dans cette optique, l’implantation d’intercultures pourrait représenter un levier économique intéressant en plus de leur intérêt agronomique.
Un poids réglementaire
Les différents intervenants ont mis en exergue le manque de compétitivité des productions françaises par rapport à celles d’autres pays qui ne connaissent pas les mêmes enjeux de charges et une réglementation différente. Sébastien Windsor, Président des chambres d’agricultures, regrette l’accumulation des contraintes qui pèsent sur les agriculteurs. « Les sujets étant traités en silo, cela débouche à chaque fois sur une règlementation supplémentaire. Il faut établir une vraie planification qui prend en compte les capacités d’investissement et d’intégration des changements règlementaires », précise-t-il.
Benjamin Sachet, CEO de Earthworm Foundation, déplore également une surtransposition des réglementations françaises et européennes. Il souhaite créer des exemples pour inspirer les politiques. Fréderic Descrozaille, Député Français, souhaite également moins légiférer en se concentrant sur les objectifs à atteindre plutôt que sur la procédure de l’exécution. Il partage également son inquiétude vis à vis du projet européen FarmToFork, et souhaiterait que la France affirme « qu’on ne doit pas porter atteinte à la capacité de production ».
Une réglementation qui présente donc un enjeu, particulièrement dans un contexte de globalisation des marchés et d’une concurrence internationale régie par des règles différentes.
Eau, carbone, traitements : la vision de la filière sur les enjeux actuels
Les agriculteurs sont des acteurs centraux de la décarbonation, étant aux cœur des leviers de séquestration de carbone au champ. Christiane Lambert, Présidente de la FNSEA, rappelle l’engagement de la filière Oléopro dans la séquestration de carbone et préservation de la biodiversité dans un contexte de changement climatique.
Des préoccupations pour les agriculteurs, mais qui doivent s’accompagner d’un soutien de la population et des filières. Nombreux sont les professionnels qui témoignent des difficultés de compréhension entre les citoyens et le monde agricole, qui mènent à de fortes tensions. Gestion de l’eau, utilisation de produits phytosanitaires, modes de production : le message général de la journée appelle à l’appaisement et à la pédagogie pour rétablir un dialogue sortant de l’émotion.
Le Grenelle de l’environnement de 2007 a posé des objectifs de réductions de produits phytosanitaires, mais les acteurs agricoles de terrain ne disposent pas à ce jour des solutions nécessaires pour atteindre ces objectifs. Selon Arnaud Rousseau, le premier combat doit rester celui de la production.
La conclusion de Marc Fesneau
Ces rencontres oléopro ont été un véritable tour de plaine de la filière, en se demandant si les agriculteurs ne sont pas devenus des climaculteurs ? Benjamin Lammert, président de Terres Univia, a rappelé l’envie et l’oléopower des hommes et femmes de la filière pour reconquérir la souveraineté alimentaire et inventer le monde de demain en faisant preuve d’audace.
Ces différents thèmes évoqués tout au long de ces rencontres ont été repris par l’intervention de clôture du Ministre Marc Fesneau. Monsieur le Ministre a souligné l’importance de pouvoir choisir les interdépendances et non de les subir. Il exprime son soutien via le plan protéine et via la PAC , qui représentent des opportunités pour la filière et l’agriculture française. Le Varenne de l’eau va être développé et des moyens adéquats.
Selon le Ministre, réaliser des retenues d’eau quand la pluviométrie est présente n’est pas qu’une question de bon sens mais une question de souveraineté, car « sans eau il n’y a pas d’agriculture ». Les assolements doivent être pensés autour de la captation du carbone et de la production d’énergie décarbonée.