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RSE et Agroécologie

La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est définie par la commission européenne comme l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes.

En d’autres termes, la RSE consiste en la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable. Une entreprise qui pratique la RSE va donc chercher à avoir un impact positif sur la société tout en étant économiquement viable. [source]

Selon, l’INSEE, en France, plus de la moitié des sociétés de 50 salariés ou plus déclarent s’impliquer dans des démarches RSE. Cet engagement est plus fréquent pour des grandes entreprises, et plus présent dans les secteurs de l’énergie et de l’environnement. [source] Qu’en est-il des entreprises du domaine de l’agriculture ?

Le 2 juin 2023, un panel d’entreprises en lien avec le monde de l’agriculture ont présenté leurs démarches et leurs engagements RSE. Un temps important pour partager les bonnes pratiques et s’enrichir mutuellement d’idées.

Des motivations variées

Quatre témoignages ont été partagés lors de l’événement par les Moulins Joseph NICOT, Mulot & PetitJean, Interbev BFC et Socofruits.

Si les uns s’engagent en RSE après avoir réalisé un 1er bilan carbone, ou par volonté de la gouvernance, on retrouve aussi des motivations qui proviennent des clients, des antennes nationales, ou bien encore des problématiques terrain qui permettent de faire un premier pas en RSE.  

Ces 4 témoignages ont présenté des sources de motivation initiales et des stades de maturité différents, mais les points communs de ces démarches sont nombreux : 

  • Une directive forte de la gouvernance 
  • Une volonté de bien faire, faire mieux, réduire les déchets, participer au confort des salariés, faire local.  
  • Une démarche qui se structure pas à pas, étape par étape ; avec l’implication des salariés. 
  • L’intégration des partenaires et fournisseurs. 
  • Des objectifs nouveaux et renouvelés pour que la démarche perdure.  

En termes de retombées, les quatre entreprises ont souligné l’effet positif de leur engagement RSE sur le recrutement dans un contexte de rechercher de sens par les recrue dans leur environnement professionnel. En revanche, les retombées économiques (en terme de volume de vente par exemple), ne sont pas observées. (L’engagement RSE n’est pas apposé sur les produits de manière directe). Néanmoins, le besoin d’anticiper cette question et de prendre les devants par rapport à une future demande client et à la réglementation est majeur.

Liselore Martin, Directrice d’AgrOnov, a participé à la table ronde au sujet des liens entre RSE et Agroécologie aux côtés de France Qualité Performance, le réseau régional RSE et Vitagora.

La RSE à la ferme : encore du chemin à faire ?

Le terme « RSE » à l’échelle de l’exploitation agricole n’est que très peu employé. Elle existe à différents niveaux selon les filières. En Grandes cultures, on retrouve des investissements pour favoriser le confort de travail des salariés (agriculture de précision, OAD, diminution des intrants, Agriculture Bio, HVE, etc.), en élevage, on retrouve aussi ce type d’investissement (caméra de surveillance, robots, etc). On peut citer la démarche Happy de l’entreprise Obione pour le bien être de la vache et de son éleveur ! Les agriculteurs parlent avant tout d’agriculture durable, raisonnée, agroécologie, etc. plutôt que de RSE.  

En viticulture, le terme est beaucoup plus avancé, sans doute lié à la vente direct au client. L’association Vignerons Engagés est le premier label RSE et durable du vin. Nos adhérents Terres Secrètes et Nuiton Beaunoy sont labellisés et le fruit de cet engagement a donné naissance à une gamme de vin entièrement éco-conçue, avec les salariés, les viticulteurs et les élus de la coopérative.

La RSE est-elle un levier de la transition agroécologie ? 

Oui, par l’entrée « Scope 3 » ; c’est-à-dire que les entreprises engagées en RSE, en scope 3, ont un devoir de choisir des fournisseurs responsables eux aussi, et les font donc progresser au travers de cahier des charges en conséquence. Pour l’industrie agroalimentaire, cela a un lien direct avec la production agricole. Comme nous l’a montré Moulin Joseph Nicot, 86.4% du bilan carbone de l’entreprise provient de ses fournisseurs, avec une part importante pour le transport et les intrants utilisés sur le blé (71%). Il y a donc un lien direct puisque l’entreprise travaille désormais avec ses fournisseurs pour un blé durable. 

Oui par l’entrée « Crédit Carbone en agriculture ». Il s’agit pour les entreprises, de compenser les émissions carbone non réductibles en achetant des crédits carbone sur le marché volontaire. Cela représente un levier important pour accompagner les agriculteurs dans leur transition. 

De plus, le marché local est une carte à jouer car les entreprises qui auront volonté à acheter ces crédits carbone pourront soutenir des projets bas carbone en local auprès d’agriculteurs qu’ils connaissent. Et ce de manière complète, puisque l’avantage du label bas carbone est qu’il labellise une exploitation dans son ensemble, et pas uniquement une production spécifique (comme les primes filières). 

Malheureusement, aujourd’hui la démarche est encore timide…  Une communication importante doit être faite pour inciter les entreprises à coupler démarche de réduction et démarche de compensation… et ainsi favoriser les transitions. 

La transition agroécologique peut-être un levier de la RSE ? 

Si la question n’a pas été soulevée directement durant les interaction du 02 juin 2023, les enseignements tirés des échanges portent à penser que les freins à l’agroécologie peuvent constituer des leviers de la RSE. 

Le manque de temps des agriculteurs, les difficultés de recrutement dans les filières, l’absence de solutions techniques, la gestion du risque lors de la mise en place de nouvelles pratiques agroécologique…tous ces éléments permettent de réfléchir de manière plus globale à la RSE, de se lancer dans une première action, puis d’aller vers une responsabilité où chaque décision tient compte de la ligne directrice.

Cela a été le témoignage de la SOCOFRUIT, qui face à une baisse de productivité sur le cassis, a mis en place des moyens pour réimplanter les pollinisateurs sur les parcelles, et ensuite de diminuer les intrants, de former les agriculteurs par rapport à ces leviers, et de réfléchir aujourd’hui à des démarches de labellisation / certifications. 

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