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Projet Opérant : les filières alimentaires face à l’environnement

Le projet OPERANT cherche à comprendre les choix organisationnels mobilisés par les acteurs des systèmes alimentaires territoriaux, avec une attention particulière portée sur les étapes de transformation et d’approvisionnement.

Le projet s’interroge sur le rapport choix organisationnel / choix technologique de la transformation, et sur la performance environnementale globale des filières intégrant la transformation. Son ambition est de dépasser l’approche par des circuits-courts, de toucher un plus grand nombre de consommateurs grâce à l’offre locale des produits transformés, et ainsi d’atteindre une transition de plus grande ampleur.

Trois objectifs du projet :

  • Recenser et analyser l’organisation des filières alimentaires territorialisées
  • Mesurer la performance environnementale des filières sur différents aspects
  • Assurer la connexion entre recherche et vulgarisation, par la création des fiches expériences de filière et les rencontres entre chercheurs et professionnels.

Après 3 ans de projet, quels sont les enseignements et réponses aux questionnements actuels ?

OPERANT : les résultats du projet

La première partie du séminaire s’est centrée sur la définition de la notion de filière alimentaire territorialisée (FAT), sur l’analyse des relations entre acteurs et enfin sur l’étude de l’impact environnemental de plusieurs exemples de filières avec l’outil Analyse de Cycle de Vie (ACV). 

Comprendre les filières alimentaires territorialisées

Une filière alimentaire territorialisée (FAT) implique au moins deux étapes de la chaine « production-transformation-commercialisation » sur un territoire donné.

Des acteurs peuvent être en dehors du périmètre donné, et sont parfois indispensables pour le fonctionnement de la chaine de valeur (fournisseur, consommateur, etc.). Filière territorialisée ne veut pas dire « territoire autonome ».

Les filières s’appuient pour beaucoup sur des labels, ou signe de reconnaissance. Sur les relations qui lient les acteurs d’une filière, on nomme souvent la place des Organisations Professionnelles Agricoles (OPA) pour l’accompagnement technique nécessaire dans le cas d’une production et d’une transition dans les pratiques.

Les collectivités territoriales peuvent aussi être un maillon important et il semble « logique » d’avoir une subvention publique au lancement mais la filière doit être capable d’absorber le cout de l’animation à un certain degré de maturité.

Des règles de fonctionnement et une certaine forme de gouvernance sont essentielles pour créer la confiance entre les acteurs d’un bout à l’autre de la chaine de valeur. Un besoin de coordination qui n’est pas que pour la transaction. Il a y besoin de forme de discussion entre acteurs et cela repose sur un acteur pivot central (association, etc.).La participation des acteurs de la distribution dans cette gouvernance est soulignée. Les FAT tiennent les différents bouts d’une alimentation donc peuvent jouer un rôle global d’harmonisation

Des filières inégales du point de vue du Cycle de Vie

Au niveau de l’Analyse du cycle de vie (ACV) les résultats sur les filières pain, légumes, & bières montrent que les impacts sont principalement dus à la production agricole. Les étapes de transformation et d’emballage ont un impact plus ou moins important selon les filières. Selon les modes de production, les impacts sont différents quand on regarde des critères tels que les émissions de GES, la toxicité sur l’eau, l’utilisation de l’espace, etc.

Finalement la lecture est simplifiée avec 3 indicateurs : santé, écosystèmes (biodiversité) & ressources. Cela témoigne de l’importance de prendre en compte plusieurs critères dans ses décisions.  

Les exemples de filières en région

Le séminaire de clôture a appelé trois filières à témoigner sur les moments clés historiques dans leur création :

Quelques éléments du projet CECAFiTer (CASDAR) ont aussi été présentés par Vivien Bourgeon (CA39). Capitaliser nos Expériences pour Consolider notre Accompagnement des Filières Territoriales (Retrouvez l’ensemble des documents).

Ces 3 témoignages permettent de tirer de grands enseignements, intéressant pour AgrOnov et ses adhérents, notamment dans le cadre du PEI FILOLEMA, pour l’émergence d’une filière locale de légumineuses majeures.

Créer une filière locale : pourquoi ?

Qu’elle soit à l’origine de transformateurs, de producteurs, d’une volonté publique, d’un enjeu de pérennisation d’un outil local, la filière rassemble des logiques d’action qui dépassent l’intérêt économique. La question n’est pas seulement de créer de la valeur, mais répondre à des ambitions d’acteurs de travailler localement ensemble. La filière peut aussi démarrer sans gouvernance officielle mais elle se heurte, avec son développement et sa croissance, à un besoin de structure plus précis. 

Les relations entre acteurs doivent permettre d’aboutir à un résultat concret : le fonctionnement rentable et durable de la filière, avec un objectif produire « juste nécessaire », c’est-à-dire d’adapter la production à la demande, mais également la demande à la production locale.

Un exemple simple : la restauration collective ne peut pas demander des tomates aux maraichers de Franche-Comté quand les maraichers ne peuvent proposer des haricots (temps d’équeutage). Les liens doivent sur faire « sur le terrain » : les producteurs dans les cuisines et les chefs dans les fermes ! 

L’enjeu de se faire connaître

L’enjeu de la communication autour des filières locales est important pour les valoriser et les faire connaitre. Un travail souvent peu réalisé car c’est une compétence qui ne fait pas partie du cœur des métiers des acteurs initiaux. Pourtant, les filières provoquent des externalités positives intéressantes.

Dans le cas d’une restauration collective durable et responsable par exemple, les enfants souhaitent acheter les yaourts locaux, et non plus ceux des grandes IAA françaises, des magasins de producteurs peuvent voir le jour.

Dans le cas d’une filière biologique, cela incite les transitions bio pour les transformateurs qui s’associent à la filière en cours de route. 

L’histoire humaine de la création de ces filières est également soulignée par l’un des intervenants qui regrette l’absence de cet aspect dans le projet, face à un discours très scientifique. Et il est vrai qu’à l’écoute des témoignages de la journée, l’aspect humain, la passion et l’émotion des personnes faisant vivre les filières nous touche et nous donne envie de les soutenir. Un aspect émotionnel et d’attachement en dehors des chiffres, qui fait pourtant vivre les territoires à travers l’implication des acteurs. Cette dimension est également un point clé dans la communication que peuvent mettre en avant les filières pour leur notoriété, dans un contexte ou le lien entre citoyen et agriculture est charnière.

Pour aller plus loin

Les scénarii ADEME : Comment atteindre la neutralité carbone ?

Une étude de 2 ans a été menées et 4 scénarii en ressortent : 

  1. Génération Frugale. Sobriété absolue. Subie (à cause du prix) et souhaitée (questionnements personnels). Puits de carbone naturels, en préservant les ressources associées. Pari du changement de comportement.  
  2.  Coopérations territoriales. Sobriété, beaucoup avec les coopérations. Evolution progressive vers une voie plus durable. Solidarité ; optimiser les systèmes et limiter nos impacts, en s’impliquant dans le territoire. 
  3.  Technologies vertes. Le développement technologique lié à la croissance verte pour répondre aux défis environnementaux ; plutôt que des changements de comportement. 
  4.  Pari réparateur : tout ce qu’on a comme impact peut être réparé par les technologies. Pour conserver un mode de vie que l’on a déjà. Si on veut atteindre la neutralité carbone, on ne peut pas l’atteindre avec les puits naturels. Les technos de captage et neutralisation sont essentielles dans ce scénario, et elles consomment beaucoup d’énergie.

Pour aller plus loin : https://transitions2050.ademe.fr/

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