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Carbone & viticulture : retour sur le parcours Bas Carbone du Vinitech & Sifel

Carbone & Viticulture : les solutions innovantes

On remarque la diversité des solutions présentées dans ce parcours Ambition Bas Carbone.

Pour les solutions à la vigne : piquets Vitifort et entre-piquet Tutilis dont la fabrication à un impact carbone largement réduit, les outils Naotec pour semer des couverts végétaux, du machinisme électrique Sabi-Agri et des moyens de lutte contre le gel « décarbonnés » de Danfoss ou même du « vitivoltaisme » (Sun Agri) si on peut se permettre le terme ; les visiteurs ont le choix de s’intéresser à des petits changements de pratiques, ou des investissements plus importantes.

Pour les solutions en chai, on présente surtout les compétences des bureaux d’étude qui peuvent éco-concevoir les chais semis enterrés, des méthodes gravitaires des flux de vin, utiliser des bétons éco-conçu. C’est Ingévin qui est présent sur cet espace. On retient Process & Wine qui valorise le CO2 fermentaire directement en cave ou lors du processus de vendange (création de neige carbonique par exemple).  

Ces entreprises ont même eu l’occasion de pitcher pendant le cycle de conférence, voire d’animer une thématique entière. La part belle aux actions concrètes pour engager les démarches bas carbone chez nos viticulteurs. 

Un cycle de conférences riches lancé par le CIVB

Jeanne Marie Voigt, au CIVB lance avec enthousiasme le cycle de conférence sur le carbone, en présentant la stratégie carbone des vins de Bordeaux. L’objectif est clair : 100% des exploitations engagées dans une démarche environnementale, quelle qu’elle soit ; à horizon 2030. 

Reprenant les bases d’un bilan carbone et les impacts des différentes étapes du cycle de vie, on rappelle que le conditionnement est le poste le plus impactant, suivi du fret, de la viticulture puis de la viniculture. La consommation étant quasi absente du bilan. Les pistes de d’optimisation sont nombreuses et sont, sans surprise, les mêmes que celles abordées dans les autres Régions : travail avec les verriers sur la bouteille, éco-conception du carton, transport par bateaux et trains plutôt qu’avion et camion, équipement de matériel moins consommateur, carburant alternatif, efficacité énergétique des bâtiments & pratiques de séquestration de carbone dans le sol.  

Ce qui est plus étonnant dans les chiffres Bordelais, c’est le bilan carbone ramené à l’hectolitre, qui a augmenté de 6% entre 2012 et 2020 et dont les causes n’ont pas encore été identifiées en conférence. Malgré les efforts de la filière, il semble que les pratiques et les équipements fassent toujours augmenter le bilan carbone.

Cela s’explique peut-être par le bilan d’un itinéraire technique comprenant de l’enherbement. Ce que nous explique Hugo Luzi, IFV, avec les données du projet MOSGA commandé par le BIVB, c’est que l’enherbement nécessite plus de passages en parcelles et comme l’impact du carburant est le 1er facteur émetteur dans l’étape de production à la parcelle, par lien de cause à effet.. ces itinéraires ont un bilan carbone plus mauvais. Le changement de pratique vers l’Agriculture Biologique ou les autres démarches pourraient donc expliquer cela.  

Néanmoins, ce qu’il faut à retenir sur l’enherbement, c’est que même si les émissions augmentent avec le nombre de passage en tracteur, la présence des couverts permets quant à elle de stocker du carbone dans le sol, ce qui compense les émissions liées aux passages plus nombreux et à la libération d’azote induite par la destruction du couvert. 1ha enherbé permet de stocker en moyenne 500kg eq CO2/ha/an. 

La démarche globale est donc indispensable pour prendre ses décisions. De même, l’intégration d’autres indicateurs environnementaux et sociaux est intéressante. Les émissions de particules fines sont regardées quand on évalue l’impact du brulage des bois de taille par exemple (ce critère n’entre pas dans un bilan carbone).  

Enfin, ce que l’on peut retenir des conférences, c’est que les pratiques liées aux stockages du carbone dans le sol ne doivent pas se faire sans effort de réduction car si on les arrête, naturellement, la nature déstocke à nouveau le carbone. Il faut donc absolument réduire les émissions qui peuvent l’être et assurer que les pratiques de stockage soient préservées et constantes dans le temps. Des entreprises comme NetCarbon travaillent aussi à évaluer le potentiel de stockage de carbone des sols via image satellitaires ! En quelques minutes (et un an d’image satellitaire de la végétation), on peut avoir les chiffres et les simulations par rapport à l’implantation d’infrastructures agroécologiques.  

Label Bas Carbone en Viticulture : où en est-on ?

Le Label Bas carbone présente des méthodes validées et approuvées par le ministère dans plusieurs filières…mais celle de la viticulture se fait attendre. Pourtant, de nombreuses simulations sont déjà faites pour évaluer l’impact de tel ou tel changement de pratique, et ce que cela pourrait rapporter dans un projet labellisé. De la même manière, l’IFV perfectionne l’outil GESVit depuis 2 ans et Emilie ADOIR de l’IFV l’a présenté en détail pendant ce salon. Plus complet que les obligations du label Bas Carbone, l’outil permet de calculer et simuler les impacts.  

Le CIVB propose aussi un panel d’outils pour aider les viticulteurs à prendre les bonnes décisions : fiches actions, calculateur simplifié ou complexe.. L’interprofession est moteur sur le sujet, tout en laissant le soin aux exploitants de prendre leur propre décision. Une vision partagée par le BIVB qui se positionne de la même manière. 

Et si l’on questionnait l’ensemble de ce sujet carbone ?

Le Bas Carbone est-il un argument de vente ? 

L’impact carbone de la filière est important puisque les professionnels le questionne et le mettent autant à l’honneur. Entre une demande de la clientèle, une prise de conscience, il semble que tous soient prêts à agir. Si les conférences ont fait carton plein sur chacun des sujets, la zone « Ambition Bas Carbone » quant à elle était plutôt vide.

Les entreprises avaient la chance d’avoir « double-stand » et on donc laissé sur leurs espaces « retrouvez nous stand. » ; (sauf Process and Wine). On questionne donc la valeur que l’acheteur va mettre dans ce critère si ce n’est pas cet élément qui l’attire sur le stand. De la même manière, aucun exposant sur la partie la plus impactante : le conditionnement. Et quand on avance un peu dans le grand hall du Vinitech on retrouve les fabricants d’emballage, avec des cartons toujours plus colorés, des grandes capsules, des bouteilles transparentes. Un regret finalement de ne pas trouver dans l’espace Bas Carbone, une entreprise qui présente sa démarche de réduction de poids de la bouteille (car ils le font !) ; certainement pas assez important pour le mettre en avant.. 

Côté viticulteurs, on peut aussi se demander si les solutions bas carbone seront achetées bien qu’elles ne rentrent pas dans le calcul du bilan carbone, ou qu’il ne sait pas si c’est le cas. Sera-t-il aussi sensible à l’argument ? On peut espérer que oui, car il aura les arguments pour convaincre son client, avec des actions concrètes qu’il aura mise en œuvre et dont il saura parler, qui témoignent certainement mieux que des tonnes équivalent CO2 pour les amateurs de vin ! 

Le Bas carbone n’est peut-être pas encore un argument de vente en BtoB ; ça démarre doucement, ça doit faire partie des critères de choix des fournisseurs. Les fournisseurs en sont-ils conscients ?  Un argument de vente en BtoC pour le consommateur final ? Pour une partie de la population certainement.

Quel est le bon périmètre du bilan carbone en viticulture  ? 

Il faut lui donner un périmètre dès le départ et un périmètre qui doit rester constant afin de permettre les comparaisons d’un bilan à l’autre. 

Pendant les conférences, un participant demande si les outils de travail du sol et leur usage ont été pris en compte dans l’étude de l’impact sur le désherbage. Et oui, parce qu’en fonction de la vétusté du tracteur, de la profondeur de travail du sol, etc, la consommation est différente aussi  ; et cela peut aussi influencer le résultat du bilan.  

Est-il possible de tout inclure ? Chaque opération, chaque matériel, chaque consommation ? Est-ce qu’il faut aussi savoir d’où vient la matière recyclée quand on utilise un matériau recyclé dans la fabrication de notre produit ? Est-ce utile d’avoir toutes ces informations ? En tout cas le CIVB propose un outil qui peut donner une première estimation avec 3 niveaux : simplifié, normal et complexe. A chacun son périmètre… Quid de la robotique, très présente sur ce salon, en terme d’impact environnemental ? 

Autre grande question :  doit-on compter l’oenotourisme dans le bilan carbone ? On aborde ici un sujet sensible sur les modes de consommation du vin.  

On salue les initiatives sur le bas carbone et on remarque les arguments « décarbonés » sur le stand des exposants. Cet engouement ne peut apporter que des initiatives positives et faire bouger les lignes. La vision globale et complexe du sujet est illustrée par l’ensemble des questions et des présentations, des idées, des solutions…  

Par contre, on salue l’initiative des organisateurs du salon avec leur porte badge en carton !  

Les membres d’AgrOnov étaient également présents lors de ce rendez-vous de la filière !

–      SABI AGRI 
–      Frolight Systems 
–      Greenshield 
–     EtOH 
–  Scanopy 
–      Farm3 
–      DE SANGOSSE 
–      Groupe OUVRARD 
–      ACSO
–      Lallemand Plant Care 

Liselore Martin

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